L’exemple de la diplomatie économique américaine
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Ce sont les États-Unis qui ont conçu la diplomatie économique la plus efficace et qui donnent le ton dans cette nouvelle compétition. À la différence d’une Europe accaparée par ses problèmes internes, ils conduisent sans état d’âme une politique d’expansion économique que peu d’acteurs internationaux semblent pouvoir contrebalancer.
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La domination de Washington sur les affaires du monde est l’expression d’une stratégie mûrement réfléchie et scrupuleusement mise en œuvre. Pour s’imposer sur les marchés internationaux, les États-Unis ont mis en place une « Diplomatie pour une compétitivité globale », associant aide au développement, assistance technique et interventions directes pour influer sur le dénouement des négociations de grands contrats internationaux. Ils ont également réorienté les personnels du département d’État sur les questions économiques et commerciales et ont lancé une « stratégie nationale d’exportation » : 18 marchés émergents ont été sélectionnés : ils devraient représenter, dans la prochaine décennie, des marchés égaux ou supérieurs à ceux de l’Europe.
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Surtout, depuis le début des années 1990, l’administration américaine s’est attachée à renforcer la cohésion et le poids de sa diplomatie commerciale. Un comité interministériel de promotion des exportations (Trade Promotion Coordinating Comittee) est créé en 1992. Puis, à partir de 1993, a été mis en œuvre le concept d’Advocacy Policy, qui organise la planification stratégique, la collecte d’informations, la sélection des projets stratégiques, le financement et l’évaluation finale des actions économiques internationales. Ainsi a été créé un organisme capable de mobiliser dans un effort commun l’ensemble des intervenants du commerce extérieur.
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Il convient de ne pas omettre le poids de l’influence culturelle, qui n’est pas sans influence sur les marchés. La diffusion du mode de vie américain est un vecteur essentiel de la diplomatie économique. Elle est d’autant plus aisée à mettre en œuvre que les États-Unis disposent d’une industrie du spectacle, d’universités et de médias qui en sont les plus efficaces propagandistes, démultipliant la mondialisation de la langue anglaise, du mode de vie et des valeurs américaines. Ainsi, les instruments de la puissance américaine sont autant CNN et Hollywood, Coca Cola, McDonald et Nike, la langue, les phénomènes culturels ou de mode de vie que les porte-avions ou les missiles de croisière.
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Au final, un véritable dispositif de combat, combinant actions offensives (appui aux entreprises nationales, contrôle des organismes internationaux, pressions sur les gouvernements étrangers, échange d’informations entre les acteurs nationaux) et répressives (législation sur les embargos et le terrorisme) a été mis en place et donne depuis vingt ans les preuves de son efficacité.
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La suprématie américaine n’est donc pas imméritée. La capacité des élites d’outre-Atlantique de comprendre les liens étroits entre économie, recherche, culture et politique démontre une analyse pertinente des nouvelles réalités de la mondialisation. Et cette stratégie est menée avec les outils adaptés à la nouvelle société de l’information.
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On ne saurait donc reprocher aux Américains leurs remarquables initiatives afin de promouvoir leurs intérêts et d’imposer leurs règles. Les Européens devraient au contraire procéder de même. Unique superpuissance du XXIe siècle, les États-Unis souhaitent, à travers la mondialisation, propager à l’ensemble de la planète leur propre modèle de société et leurs valeurs, car elles ont, à leurs yeux, fait la preuve de leur supériorité et de leur efficacité.
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Néanmoins, les États-Unis « sûrs d’eux-mêmes et dominateurs » inquiètent de plus en plus. À travers leur volonté de domination, ils sont perçus comme remettant en cause les fondements du droit, de la souveraineté du système international, voire du statut de la raison face à l’arbitraire de la force. Cela a été le cas en Irak, en 2003. C’est également le cas dans le domaine économique, car l’hégémonie se traduit par la volonté d’imposer ses normes dans tous les domaines.
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Depuis bientôt vingt ans s’observe une forte dégradation des mœurs et des pratiques commerciales, de même qu’une brutalité concurrentielle accrue, liée à l’évolution du monde. Une nouvelle logique de rapports de force économiques entre États s’est imposée. Les marchés ne se gagnent pas seulement sur le prix et la performance d’un produit ou la qualité d’une offre. Les contrats ont une forte signification politique et sont obtenus souvent, soit par pression, soit par l’offre d’avantages politiques ou économiques les accompagnant.
24
Si l’affrontement économique est une constante des relations internationales, ce qui est nouveau c’est son caractère planétaire et l’intensité qui le caractérise. Et la crise économique que nous traversons risque d’accroître, davantage encore, la lutte pour l’accès aux marchés mondiaux.
25
En Europe, une telle prise de conscience n’est pas encore complète et les observateurs avertis commencent à s’inquiéter de l’ampleur du décalage qui existe entre les deux rives de l’Atlantique. Il est essentiel pour les États européens de prendre leur place dans les jeux de puissance qui formatent le monde de demain. Essayons de tirer de la compréhension de la stratégie américaine quelque inspiration sur des concepts et méthodes qui peuvent manquer à nos systèmes.
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على سبيل المثال الدبلوماسية الاقتصادية الأمريكية 15 أنها الولايات المتحدة التي وضعت في الدبلوماسية الاقتصادية الأكثر فعالية واللهجة في المنافسة الجديدة. على عكس أوروبا تستهلك بمشاكلها الداخلية، فإنها تؤدي سياسة توسع اقتصادي لبعض اللاعبين الدوليين ويبدو أن تكون قادرة على تعويض دون وخز.16هيمنة واشنطن على شؤون العالم هو تعبير عن تطبيق استراتيجية مدروسة جيدا ودقة تنفيذها. أن يفرض نفسه في الأسواق الدولية، نفذت الولايات المتحدة "دبلوماسية القدرة التنافسية عالمية"، يجمع بين المعونة الإنمائية وتقديم المساعدة التقنية والتدخلات المباشرة للتأثير على نتيجة للعقود الدولية الرئيسية. كما أعادت توجيه العاملين في إدارة الدولة المعنية بالتعاون الاقتصادي وقضايا التجارة وقد أطلقت "استراتيجية وطنية لتصدير": اختير 18 الأسواق الناشئة: أنها ينبغي أن تمثل، في العقد القادم، أسواق تساوي أو تفوق مثيلاتها في أوروبا.17Surtout, depuis le début des années 1990, l’administration américaine s’est attachée à renforcer la cohésion et le poids de sa diplomatie commerciale. Un comité interministériel de promotion des exportations (Trade Promotion Coordinating Comittee) est créé en 1992. Puis, à partir de 1993, a été mis en œuvre le concept d’Advocacy Policy, qui organise la planification stratégique, la collecte d’informations, la sélection des projets stratégiques, le financement et l’évaluation finale des actions économiques internationales. Ainsi a été créé un organisme capable de mobiliser dans un effort commun l’ensemble des intervenants du commerce extérieur.18Il convient de ne pas omettre le poids de l’influence culturelle, qui n’est pas sans influence sur les marchés. La diffusion du mode de vie américain est un vecteur essentiel de la diplomatie économique. Elle est d’autant plus aisée à mettre en œuvre que les États-Unis disposent d’une industrie du spectacle, d’universités et de médias qui en sont les plus efficaces propagandistes, démultipliant la mondialisation de la langue anglaise, du mode de vie et des valeurs américaines. Ainsi, les instruments de la puissance américaine sont autant CNN et Hollywood, Coca Cola, McDonald et Nike, la langue, les phénomènes culturels ou de mode de vie que les porte-avions ou les missiles de croisière.19Au final, un véritable dispositif de combat, combinant actions offensives (appui aux entreprises nationales, contrôle des organismes internationaux, pressions sur les gouvernements étrangers, échange d’informations entre les acteurs nationaux) et répressives (législation sur les embargos et le terrorisme) a été mis en place et donne depuis vingt ans les preuves de son efficacité.20La suprématie américaine n’est donc pas imméritée. La capacité des élites d’outre-Atlantique de comprendre les liens étroits entre économie, recherche, culture et politique démontre une analyse pertinente des nouvelles réalités de la mondialisation. Et cette stratégie est menée avec les outils adaptés à la nouvelle société de l’information.21On ne saurait donc reprocher aux Américains leurs remarquables initiatives afin de promouvoir leurs intérêts et d’imposer leurs règles. Les Européens devraient au contraire procéder de même. Unique superpuissance du XXIe siècle, les États-Unis souhaitent, à travers la mondialisation, propager à l’ensemble de la planète leur propre modèle de société et leurs valeurs, car elles ont, à leurs yeux, fait la preuve de leur supériorité et de leur efficacité.22Néanmoins, les États-Unis « sûrs d’eux-mêmes et dominateurs » inquiètent de plus en plus. À travers leur volonté de domination, ils sont perçus comme remettant en cause les fondements du droit, de la souveraineté du système international, voire du statut de la raison face à l’arbitraire de la force. Cela a été le cas en Irak, en 2003. C’est également le cas dans le domaine économique, car l’hégémonie se traduit par la volonté d’imposer ses normes dans tous les domaines.23Depuis bientôt vingt ans s’observe une forte dégradation des mœurs et des pratiques commerciales, de même qu’une brutalité concurrentielle accrue, liée à l’évolution du monde. Une nouvelle logique de rapports de force économiques entre États s’est imposée. Les marchés ne se gagnent pas seulement sur le prix et la performance d’un produit ou la qualité d’une offre. Les contrats ont une forte signification politique et sont obtenus souvent, soit par pression, soit par l’offre d’avantages politiques ou économiques les accompagnant.24Si l’affrontement économique est une constante des relations internationales, ce qui est nouveau c’est son caractère planétaire et l’intensité qui le caractérise. Et la crise économique que nous traversons risque d’accroître, davantage encore, la lutte pour l’accès aux marchés mondiaux.25En Europe, une telle prise de conscience n’est pas encore complète et les observateurs avertis commencent à s’inquiéter de l’ampleur du décalage qui existe entre les deux rives de l’Atlantique. Il est essentiel pour les États européens de prendre leur place dans les jeux de puissance qui formatent le monde de demain. Essayons de tirer de la compréhension de la stratégie américaine quelque inspiration sur des concepts et méthodes qui peuvent manquer à nos systèmes.
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