2/La stratégie indirecte de la diplomatie économique taïwanaise
parMichel Ching Long Lu
Représentant de Taïwan en France.
G éoéconomie – Pourriez-vous évoquer la situation, la place, le rôle actuel de Taïwan au sein de la communauté internationale ?
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Michel Ching Long LU – Nous sommes confrontés à des difficultés provenant d’un paradoxe : Taïwan n’« existe » pas mais Taïwan « est ».
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Nous vivons cette situation comme une vraie injustice car nous contribuons activement à la coopération en travaillant à plusieurs projets avec différents pays et organisations, mais nous estimons que nous ne bénéficions pas d’une reconnaissance diplomatique et internationale en conséquence. Et nous subissons encore des humiliations de la part de la Chine continentale.
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Cela étant, notre pays et notre président Ma Ying-jeou [1][1] Ma Ying-Jeou a été élu en mai 2008 sous la bannière... travaillent aujourd’hui activement à la promotion des valeurs d’intelligence et de pragmatisme dans le domaine diplomatique, de manière à apaiser les relations diplomatiques très tendues que nous avons entretenues ces dernières années (2000-2008), notamment avec la Chine.
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Afin de trouver une issue à cette situation, notre président a décidé de renoncer aux velléités d’indépendance de Taïwan, en signifiant à la Chine qu’elle devait, de son côté, renoncer à la réunification des « deux Chines » et à l’emploi de la force armée dans la résolution du problème de Taïwan. Ces propositions de trêve diplomatique ont été favorablement accueillies par la communauté internationale, mais la Chine n’a pas une réponse explicite.
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Néanmoins, pendant ces années de tensions diplomatiques, des progrès ont été réalisés dans les domaines économiques et commerciaux.
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Alors qu’en 1949, date à laquelle Tchan Kaï-Chek a transféré sur l’île de Formose le gouvernement de la république de Chine (qui fêtera ses cent ans en 2011), Taïwan comptait parmi les pays les plus pauvres du monde. Aujourd’hui, ce petit pays (36 000 km2, soit 0,025 % de la superficie totale du monde) peuplé de 23 millions d’habitants (0,3 % de la population mondiale) est devenu la 25e économie de la planète, avec un revenu par habitant de 14 000 euros par an et un taux de croissance estimé à 9,91 % (9,3 % pour la FMI) pour l’année 2010 (malgré un taux de -1,87 % en 2009).
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Au plan international, Taïwan s’est imposé comme un pays exportateur mais aussi comme un pays de marché, de consommation, avec une parité de pouvoir d’achat (PPP) de 30 000 dollars par an, ce qui correspond au PPP des plus grands marchés de consommation du monde.
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Ceci démontre le dynamisme économique taïwanais ainsi que les bienfaits d’une société pluraliste et démocratique dans le développement de la créativité et dans la diversification de l’économie. C’est ce qui a permis à Taïwan d’être aujourd’hui en avance dans plusieurs secteurs d’activités, dont la recherche scientifique et les technologies de pointe.
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Tous ces éléments permettent de cerner le rôle que peut jouer Taïwan aujourd’hui. Grâce à l’aide de la communauté internationale et à nos efforts politiques, économiques et sociaux réalisés en interne, nous avons démontré que nous sommes suffisamment dynamiques pour être considérés comme un contributeur qualifié et un compétiteur au sein de la communauté internationale. Le fait, par exemple, d’entretenir des relations de coopération avec différents pays développés dans le monde, dont la France, atteste de cette compétence.
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Faut-il rappeler que Taïwan consacre 0,13 % de son PIB à la coopération internationale, envoie 34 missions par année dans 29 pays du monde et compte une cinquantaine d’ONG qui souhaiteraient davantage s’impliquer dans les actions internationales ? Les Taïwanais sont également de fervents défenseurs des causes humanitaires, puisqu’ils ont contribué à hauteur de 2 milliards de dollars à des causes humanitaires durant les deux dernières décennies (dont le tremblement de terre au Sichuan). Nous sommes donc prêts à devenir un acteur des relations internationales…
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Actuellement justement, nous tentons de prendre part aux négociations sur deux sujets sur lesquels nous souhaiterions davantage être impliqués au sein de la communauté internationale, à savoir l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et la convention-cadre pour le changement climatique.
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Avec quelque 34 millions de passagers pour plus de 1,3 million de vols qui passent par Taïwan chaque année, avec 1 % des émissions de CO2 mondiales et un taux de pollution par tête de 16 kg, nous estimons avoir la légitimité et le droit de participer à ces grandes négociations internationales. Mais nous sommes continuellement écartés de ces enjeux, ce qui, de notre point de vue, n’est pas juste.
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Mais comme nous sommes pragmatiques, et pacifistes par nature, nous ne voulons pas créer de problèmes politiques. C’est essentiel pour nous aujourd’hui.
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Au regard de notre statut de pays démocratique, dynamique, volontaire, contributeur à la communauté internationale, il paraît légitime que nos gouvernants cherchent à ce que nous soyons mieux considérés et à ce que nous puissions davantage participer aux activités de la communauté internationale. C’est un souhait « médiocre » mais justifié. Pour ce faire, nous devons avant tout continuer à travailler à l’établissement d’une meilleure relation avec la Chine. Car tant que la Chine ne reconnaîtra pas notre véritable valeur, nos progrès et nos intentions, nous ne pourrons jouir de ce statut.
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2/La stratégie indirecte de la diplomatie économique taïwanaiseparMichel Ching Long LuReprésentant de Taïwan en France.G éoéconomie – Pourriez-vous évoquer la situation, la place, le rôle actuel de Taïwan au sein de la communauté internationale ?2Michel Ching Long LU – Nous sommes confrontés à des difficultés provenant d’un paradoxe : Taïwan n’« existe » pas mais Taïwan « est ».3Nous vivons cette situation comme une vraie injustice car nous contribuons activement à la coopération en travaillant à plusieurs projets avec différents pays et organisations, mais nous estimons que nous ne bénéficions pas d’une reconnaissance diplomatique et internationale en conséquence. Et nous subissons encore des humiliations de la part de la Chine continentale.4Cela étant, notre pays et notre président Ma Ying-jeou [1][1] Ma Ying-Jeou a été élu en mai 2008 sous la bannière... travaillent aujourd’hui activement à la promotion des valeurs d’intelligence et de pragmatisme dans le domaine diplomatique, de manière à apaiser les relations diplomatiques très tendues que nous avons entretenues ces dernières années (2000-2008), notamment avec la Chine.5Afin de trouver une issue à cette situation, notre président a décidé de renoncer aux velléités d’indépendance de Taïwan, en signifiant à la Chine qu’elle devait, de son côté, renoncer à la réunification des « deux Chines » et à l’emploi de la force armée dans la résolution du problème de Taïwan. Ces propositions de trêve diplomatique ont été favorablement accueillies par la communauté internationale, mais la Chine n’a pas une réponse explicite.6Néanmoins, pendant ces années de tensions diplomatiques, des progrès ont été réalisés dans les domaines économiques et commerciaux.7Alors qu’en 1949, date à laquelle Tchan Kaï-Chek a transféré sur l’île de Formose le gouvernement de la république de Chine (qui fêtera ses cent ans en 2011), Taïwan comptait parmi les pays les plus pauvres du monde. Aujourd’hui, ce petit pays (36 000 km2, soit 0,025 % de la superficie totale du monde) peuplé de 23 millions d’habitants (0,3 % de la population mondiale) est devenu la 25e économie de la planète, avec un revenu par habitant de 14 000 euros par an et un taux de croissance estimé à 9,91 % (9,3 % pour la FMI) pour l’année 2010 (malgré un taux de -1,87 % en 2009).8Au plan international, Taïwan s’est imposé comme un pays exportateur mais aussi comme un pays de marché, de consommation, avec une parité de pouvoir d’achat (PPP) de 30 000 dollars par an, ce qui correspond au PPP des plus grands marchés de consommation du monde.9وهذا يبين الدينامية الاقتصادية التايوانية، فضلا عن فوائد مجتمع تعددي وديمقراطي في تنمية الإبداع وتنويع الاقتصاد. وما ساعد في تايوان أن تكون اليوم في وقت مبكر في قطاعات عدة من الأنشطة، بما في ذلك البحث العلمي والتكنولوجيا العالية.10جميع هذه العناصر تحديد دور تايوان اليوم. بفضل من المجتمع الدولي وجهودنا السياسية والاقتصادية والاجتماعية التي تقوم داخليا، وقد أثبتنا أننا الديناميكية بما فيه الكفاية تعتبر من مساهمين مؤهلين ومنافس في المجتمع الدولي. على سبيل المثال، أن الحقيقة، الحفاظ على علاقات التعاون مع الدول المتقدمة في العالم، بما في ذلك فرنسا، تشهد على هذه المهارة.11تجدر الإشارة إلى أن تايوان المكرسة 0.13 في المائة ناتجها المحلي الإجمالي للتعاون الدولي ويرسل البعثات 34 سنوياً في 29 بلدا في جميع أنحاء العالم وقد 50 منظمة غير حكومية أكثر الراغبين في المشاركة في الأسهم العالمية؟ وهي أيضا التايوانيين المؤيدين الأقوياء لأسباب إنسانية، نظراً لأنها ساهمت بمبلغ 2 بیلیون لأسباب إنسانية على مدى العقدين الماضيين (بما في ذلك الزلزال في سيتشوان). لذا، نحن على استعداد تصبح طرفا فاعلا في العلاقات الدولية...12Actuellement justement, nous tentons de prendre part aux négociations sur deux sujets sur lesquels nous souhaiterions davantage être impliqués au sein de la communauté internationale, à savoir l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et la convention-cadre pour le changement climatique.13Avec quelque 34 millions de passagers pour plus de 1,3 million de vols qui passent par Taïwan chaque année, avec 1 % des émissions de CO2 mondiales et un taux de pollution par tête de 16 kg, nous estimons avoir la légitimité et le droit de participer à ces grandes négociations internationales. Mais nous sommes continuellement écartés de ces enjeux, ce qui, de notre point de vue, n’est pas juste.14Mais comme nous sommes pragmatiques, et pacifistes par nature, nous ne voulons pas créer de problèmes politiques. C’est essentiel pour nous aujourd’hui.15Au regard de notre statut de pays démocratique, dynamique, volontaire, contributeur à la communauté internationale, il paraît légitime que nos gouvernants cherchent à ce que nous soyons mieux considérés et à ce que nous puissions davantage participer aux activités de la communauté internationale. C’est un souhait « médiocre » mais justifié. Pour ce faire, nous devons avant tout continuer à travailler à l’établissement d’une meilleure relation avec la Chine. Car tant que la Chine ne reconnaîtra pas notre véritable valeur, nos progrès et nos intentions, nous ne pourrons jouir de ce statut.16
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