3.3 Cétacés en danger
Cétacés blessés, amaigris, désorientés, pris dans les filets… bien plus que la chasse, d’autres
activités humaines mettent aujourd’hui gravement en péril les dauphins et les baleines.
L’industrialisation, l’urbanisation des côtes et le développement du trafic maritime engendrent
pollutions, nuisances sonores et collisions mais participent aussi à la destruction des habitats et au
réchauffement climatique. Face à ces menaces, il est essentiel d’agir collectivement et
individuellement pour la préservation des différentes espèces de cétacés. À travers eux, c’est toute
la biodiversité des océans qui est en jeu !
Les pollutions chimiques
Les cétacés sont particulièrement exposés aux déchets
toxiques rejetés dans nos océans et nos rivières ; situés en bout
de chaîne alimentaire, ils concentrent dans leur organisme
certains polluants accumulés dans leur nourriture. Les femelles
les transmettent ensuite aux petits par le lait maternel. Dans les
tissus des animaux contaminés, on retrouve essentiellement
des organochlorés et des métaux lourds issus de l’industrie et
de l’agriculture ainsi que des composés dérivés des HAPs
(Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) produits
notamment par les alumineries. Ces substances toxiques
peuvent être à l’origine de tumeurs ou de troubles des systèmes
immunitaire et reproducteur.
Quelles solutions ?
Au Québec, depuis 1988, plus de 100 usines situées en bordure du Saint Laurent ont accepté de
réduire leurs effluents toxiques. Cette prise de conscience semble avoir contribué à une
amélioration de l’état du fleuve mais le combat est loin d’être gagné car les polluants ont une durée
de vie très longue.
Les pollutions par les macrodéchets
Bouteilles, sacs en plastique, bidons…, ces macrodéchets
jetés par des particuliers ou des industriels polluent chaque
jour un peu plus nos océans. Seuls 20% d’entre eux
proviennent de bateaux ou plates-formes, les autres sont
transportés par les vents et les cours d’eau depuis la terre.
Non biodégradables pour la plupart, ils s’accumulent jusqu’à
former parfois des « tourbillons d’ordures » qui, comme dans
le Pacifique Nord, peuvent atteindre six fois la taille de la
France ! Ces objets dérivants sont un véritable danger pour
les cétacés qui s’y enchevêtrent ou s’y blessent. La menace
est encore plus grande pour ceux qui consomment des
céphalopodes, comme les baleines à bec : un sac en
plastique, confondu avec une proie, peut provoquer leur mort.
Quelles solutions ?
De nombreuses campagnes d’information incitent chacun d’entre nous à mieux gérer et à recycler
nos déchets. Leur ramassage étant fastidieux et coûteux, il est préférable de privilégier les produits
sans emballage et de ne rien jeter dans la nature, que ce soit sur terre ou en mer !
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© Eddie Gerald / AlamyMusée de Géologie Pierre Vetter
Avenue Paul Ramadier 12300 Decazeville
Tél. : 05 65 43 30 08 museevetter.decazeville@wanadoo.fr www.musees-midi-pyrenees.fr/musee-de-geologie-pierre-vetter
Exposition “ Incroyables cétacés ! ”
2 février – 27 juin 2015
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Les pollutions biologiques
La pollution des mers et des fleuves par les eaux d’origine
domestique est une source insidieuse de maladies pour les
baleines et les dauphins. En dépit des contrôles, nos eaux
usées drainent en effet un grand nombre de virus, bactéries
et parasites auxquels les cétacés n’étaient jusqu’à présent
pas exposés. Ils y sont d’autant plus sensibles que leur
système immunitaire est déjà fragilisé par les polluants
chimiques.
Quelles solutions ?
Attention ! Le passage de germes pathogènes d’humain à cétacé, et réciproquement, peut
également se faire par simple contact. L’envie de caresser une baleine ou un dauphin rencontré en
mer ou près d’une plage ne doit pas nous faire oublier ce risque. Lorsqu’un cétacé s’approche de
vous, il est donc recommandé de ne pas le toucher !
Les nuisances sonores
Contrairement à l’idée reçue, le monde sous-marin n’est pas le
monde du silence. En plus des sons d’origine naturelle, les
activités humaines telles que le trafic maritime, les manoeuvres
militaires, les industries pétrolières et gazières rendent les
océans chaque jour un peu plus bruyants. Les scientifiques
s’interrogent sur l’impact de ces nuisances sur les baleines et
les dauphins : sont-elles à l’origine de stress, de lésions du
système auditif ou brouillent-elles les signaux sonores utilisés
par les cétacés pour communiquer et s’orienter ?
Quelles solutions ?
Des liens ont effectivement pu être établis entre l’emploi de certains sonars militaires et plusieurs
échouages de baleines à bec. Les connaissances restent cependant insuffisantes et des
programmes scientifiques sont en cours pour mieux évaluer les effets à long terme des bruits
générés par l’homme. En attendant les résultats, les chercheurs invitent les industriels et les
militaires à moduler leur activité en fonction de la présence de cétacés.
La dégradation des habitats
L’urbanisation et l’industrialisation du littoral modifient l’habitat
des cétacés côtiers et affectent leurs ressources alimentaires,
les obligeant parfois à fréquenter d’autres eaux. Pour les
dauphins d’eau douce, les barrages représentent une menace
supplémentaire : ils empêchent les déplacements et
fragmentent les populations. Le dauphin de Chine (Lipotes
vexillifer) a été la première victime de ces aménagements : en
décembre 2006, il fut considéré comme disparu du fleuve
Yangtsé où il vivait depuis des millions d’années. Déjà très
affaibli par les pollutions, il n’aurait pas survécu à la
construction du monumental barrage des Trois-Gorges.
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Exposition “ Incroyables cétacés ! ”
2 février – 27 juin 2015
Quelles solutions ?
Face à la dégradation des habitats et au trafic maritime croissant, plusieurs pays ont institué des
zones protégées pour les mammifères marins, comme le Sanctuaire Pelagos en Méditerranée qui
a fait l’objet d’un accord entre l’Italie, Monaco et la France.
Les collisions
En plus des nuisances sonores, le trafic maritime est
responsable de collisions avec des baleines et des cachalots.
Le danger est d’autant plus important sur les sites
d’alimentation et de reproduction où les cétacés sont
nombreux. Globalement les données scientifiques actuelles
ne permettent pas d’évaluer avec précision le nombre
d’accidents ni leurs impacts. Pour la population très réduite
des baleines franches de l’Atlantique Nord, on évalue
cependant à 38% la mortalité due aux collisions entre 1986 et
2005. Au large des côtes françaises de Méditerranée, 16
rorquals communs sont potentiellement heurtés annuellement.
Quelles solutions ?
Embarquer un observateur à bord, limiter le passage et la vitesse des bateaux dans les zones très
fréquentées par les animaux sont quelques unes des solutions adoptées. À Gibraltar, viennent
d’être mis en place des « rails » de navigation évitant les habitats préférentiels des cétacés. Pour
les baleines franches de l’Atlantique Nord, le trafic maritime a été dévié de 6 km diminuant de 95%
le risque de collision.
Les changements climatiques
Il est difficile d’appréhender un phénomène aussi global que
l’impact des changements climatiques sur les cétacés.
Cependant l’observation de certaines populations suggère
des effets sur leur migration et leur alimentation. Les
scientifiques se sont penchés sur le cas des baleines grises
: depuis la fin des années 70, elles restent de moins en
moins longtemps dans leurs aires de reproduction au
Mexique. De plus, en 2007, 12% des individus observés
dans ces régions présentaient des signes de malnutrition.
Les changements climatiques pourraient être en partie responsables : aux pôles, la fonte des
glaces s’accompagne d’une raréfaction des algues microscopiques, source d’alimentation pour le
plancton que consomment ensuite les baleines. Les cétacés voient aussi leur stock de proies
diminuer avec l’arrivée de nouveaux concurrents, des poissons autrefois absents de ces zones.
Les baleines grises ont ainsi accès à moins de nourriture et doivent passer de plus en plus de
temps sur leurs aires d’alimentation pour trouver de quoi manger.
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Exposition “ Incroyables cétacés ! ”
2 février – 27 juin 2015
Les prises accidentelles
L’intensification de la pêche dans toutes les mers du globe s’accompagne d’une augmentation des
prises accidentelles de cétacés. En effet, les mailles des filets ou des chaluts peuvent parfois
devenir des pièges pour les baleines et les dauphins qui s’y blessent ou meurent asphyxiés. Mais
que faire pour réduire ces mortalités ?
Quelles solutions ?
Pour préserver le marsouin de Californie, menacé d’extinction par de nombreuses pollutions, le
gouvernement mexicain a créé une réserve naturelle interdite aux engins de pêche. Au cours de
ces dernières années, d’autres moyens ont été mis en place pour limiter les captures accidentelles
: trappes d’échappement, répulsifs acoustiques… Les pêcheurs participent activement à ces
démarches, certains embarquent même des observateurs pour étudier le problème et tenter d’y
trouver des solutions.