Il est 9h, je suis assis face aux 400 colonnes qui restent de la mosquée Hassan, tout près : la tour inachevée, mais magnifiquement décorée est d’une belle couleur ocre. L’esplanade est quasiment déserte, peut-être parce qu’elle est gardée de part et d’autre par deux cavaliers. Derrière la tour Hassan, l’enchevêtrement de cubes de la médina de Salé. L’éclairage en biais en fait ressortir par le jeu des ombres la complexité.
Calme...
Je viens de pénétrer dans le mausolée. Il est gardé sur chaque face par deux gardes et j’hésitais ne sachant pas s’il était autorisé aux non musulmans. J’ai approché peu à peu, puis suis rentré. Je crois n’avoir jamais rien vu d’aussi beau, d’aussi richement décoré. Les murs sont recouverts de mosaïques, au centre pend un énorme « encensoir » sous la coupole. Cette dernière est de toutes les couleurs, la lumière y pénètre sans que l’on sache trop comment ni par où. Magnifique.
J’ai beaucoup marché. D’abord jusqu’à Chellah que j’ai visité accompagné d’un guide qui je pense m’a à peu près tout montré. Les ruines romaines, la Zaouïa dans laquelle j’ai reconnu le plan des medersa, la tombe d’Abou Hassan et celle de son épouse. J’ai vu dans le jardin des pamplemousses encore verts, mais assez gros et un avocat sans fruits.
Je suis ensuite passé devant le palais royal à l’heure de la relève. Puis Bab er Rouah.
J’ai encore marché un peu dans la médina avant de m’arrêter dans un petit restaurant marocain où j’ai mangé des brochettes et quelques frites pour 4 dh.
Je suis maintenant attablé devant un café, bon mais qui ne vaut pas celui de Moulay Idriss.
L’enchantement que j’ai eu hier en sortant dans Rabat est un peu tombé, la médina est restreinte et l’avenue Mohammed V est moins animée que la veille. C’est une petite capitale dont on a vite fait le tour.
...Je suis revenu à la Kasba des Oudaïas, j’ai été dès l’entrée accosté, puis reconnu. La petite altercation d’hier au soir m’a valu de ne pas être embêté. Un gamin d’une douzaine d’année ressemblait au premier guide d’hier au soir, c’était son frère. Il m’a accompagné sur la grande terrasse où jouaient d’autres enfants. Tous ou presque savaient que j’avais eu des problèmes la veille et pourtant je n’avais vu presque personne.
J’ai discuté assez longuement avec quelques jeunes, en particulier un de 15 à 16 ans assez intéressant. Il m’a dit que j’étais chez moi et que je pouvais visiter tout gratuitement. On a parlé un peu de tout, il est menuisier, il a arrêté l’école en quatrième année. Il semblait conscient que les gens faisaient trop de gosses, voulait fusiller le roi,