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Guerres d’influence en amont des marchés 7En conséquence, la guerre pour le contrôle des technologies et des marchés mondiaux mobilise toute l’énergie des nations.8L’objet de la compétition économique est devenu, pour chaque État, de créer chez lui ou à son profit des emplois, des revenus et d’augmenter ses ressources et son influence. Or, comme il n’existe pas d’économie nationale prospère sans entreprises performantes, il doit donc encourager ses entreprises à innover, à exporter sans cesse davantage et à s’implanter à l’étranger [1][1] B. Esambert, La Guerre économique mondiale, Paris,.... La responsabilité principale de l’État est donc de créer le meilleur environnement possible pour que les acteurs économiques nationaux puissent combattre avec efficacité.9Désormais, tous les pays développés mettent en œuvre des politiques de conquête à caractère économique et culturel. Le recours aux expressions militaires pour décrire les attitudes géoéconomiques est en particulier caractéristique du discours de l’Américain Edward Luttwak : « Les capitaux investis ou drainés par l’État sont l’équivalent de la puissance de feu ; les subventions au développement des produits correspondent au progrès de l’armement ; la pénétration des marchés avec l’aide de l’État remplace les garnisons militaires déployées à l’étranger, ainsi que l’influence diplomatique. Ces diverses activités – investir, chercher, développer et trouver un marché – sont également le lot quotidien des entreprises privées qui les exercent pour des motifs purement commerciaux. Mais quand l’État intervient, lorsqu’il encourage, assiste ou dirige ces mêmes activités, ce n’est plus de l’économie pur sucre, mais de la géoéconomie ».10Le rôle d’un État est aujourd’hui de garantir le succès de ses entreprises, même lorsque l’excellence de leurs offres n’est pas établie. L’objectif commun des acteurs publics et privés est de l’emporter coûte que coûte sur la concurrence, voire de l’éliminer. Dans cette perspective, la fonction de la diplomatie économique est de rendre les marchés étrangers « réceptifs » aux produits que proposent leurs entreprises et de réduire l’influence des autres compétiteurs, parfois en usant de méthodes contestables. En changeant les règles du jeu de la compétition, elle s’attache davantage à battre l’adversaire qu’à s’adapter aux marchés.11L’État appuie notamment le déploiement international de ses entreprises en orientant le renseignement national sur les questions commerciales. Cette démarche est souvent l’une des clés de leurs succès sur leurs concurrents. Ainsi, dans une compétition économique où la concurrence internationale s’oppose sur le moindre contrat, les campagnes commerciales des firmes exportatrices s’appuient sur des opérations de renseignement, d’influence et bénéficient de soutiens gouvernementaux de toutes sortes.12Depuis une dizaine d’années, on observe quotidiennement les interférences étatiques dans la compétition économique pour la préservation ou la promotion d’intérêts nationaux. Les États libéraux les plus avancés économiquement ont tous mis en place des systèmes nationaux d’intelligence économique. Il existe peu de pays où les pouvoirs publics ne se soient manifestés pour appuyer leur recherche, leur industrie et leurs exportations : Advocacy Policy (États-Unis), MITI (Japon), ministère de la Recherche ou Länders (Allemagne), compétitivité et sécurité économique (France), etc.13Une autre tâche de la diplomatie économique est de coordonner les stratégies des acteurs nationaux sur les marchés étrangers, afin d’éviter les déperditions d’énergie et les rivalités stériles : « L’enjeu est de renouer le lien entre les performances individuelles des entreprises, la compétitivité du système productif et l’économie nationale [2][2] G. Colletis, « Intelligence économique : vers un nouveau... ». Il s’agit bien de concilier les deux problématiques de l’intelligence économique, « celle de l’élaboration de stratégies collectives – notamment la coopération entre gouvernements et entreprises dans la production de l’avantage concurrentiel – et celle de l’importance de la connaissance dans l’économie et l’industrie comme moteur stratégique du développement et du changement [3][3] Ibid. ». La diplomatie économique s’attache donc également à faire collaborer entre eux tous les acteurs participant au processus de création de richesses.14Toutefois, le rôle des États n’est pas de se substituer aux acteurs économiques mais davantage de créer les conditions favorables à leur action. Il s’agit donc d’installer au cœur de l’administration une conception promotrice de son rôle - permettre et aider à faire - ni prise en charge intégrale de l’activité économique, ni laisser-faire abusif, telle que Lazare Carnot la définissait déjà en l’an 2 : « La prospérité nationale est le but de l’administration civile. […] Le gouvernement n’est, à proprement parler que le conseil du peuple, l’économe de ses revenus, la sentinelle chargée de veiller autour de lui pour en écarter les dangers et lancer la foudre sur quiconque tenterait de le surprendre [4][4] L. Carnot, Compte rendu de mission dans les Pyrénées...
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