Dauphins, orques et autres odontocètes sont les stars des parcs marins à travers le monde. On s’y
presse pour les voir « en vrai » et pour applaudir leurs cabrioles. Ces spectacles sont souvent
accompagnés d’un discours pédagogique. Pourtant n’ont-ils pas tendance à renforcer notre vision
du dauphin « merveilleux » ? Les animaux effectuent des acrobaties parfois absentes de leur
répertoire naturel, « répondent » aux dresseurs, jouent avec le public... Certains shows invitent
même à les caresser. Les spectateurs sont incontestablement ravis mais la captivité des cétacés
soulève un vif débat.
L’intelligence du dauphin est souvent comparée à celle de l’homme. Au nom de cette supériorité
intellectuelle, des humains disent entretenir une relation privilégiée avec cet animal; il devient
même parfois leur « guide spirituel » ! Toutefois la notion d’intelligence est complexe et nécessite
des approches croisées : anatomique, cognitive, naturaliste…Ces études révèlent, chez les
dauphins et les orques, une grande capacité à traiter les informations sensorielles, un haut degré
de socialisation, une reconnaissance de soi et un certain libre arbitre ; elles renvoient cependant
au rang de mythe l’hypothèse d’une intelligence « supérieure ».
Le mythe du monstre marin
Tout autour du globe, les grands cétacés, baleines mais aussi orques ou cachalots, sont entrés
dans les mythes à mi-chemin du divin et du monstrueux. Ils sont les représentants du mystérieux
monde des profondeurs mais peuvent aussi servir d’intermédiaires avec les dieux. À partir de
l’observation fugace d’un souffle ou d’un morceau de queue, l’homme s’invente un animal aux
proportions gigantesques, capable d’avaler les navires…
Dans la Bible, Jonas prend la mer pour fuir la colère de Dieu…Mais la tempête se déchaîne et ses
compagnons, le tenant pour responsable, le jettent par-dessus bord. Invoquant alors le pardon
divin, Jonas est avalé par un « gros poisson » qui le rejette trois jours plus tard sur la terre ferme.
Durant des siècles, les grands cétacés ont été décrits comme des monstres belliqueux, à l’image
des mers capricieuses et meurtrières qui les abritent. La peur des anciens n’a pourtant pas
empêché les premiers chasseurs de partir à l’assaut de la baleine : celui qui sortait vainqueur du
corps à corps avec la bête était considéré comme un héros ! Les récits plus ou moins romancés de
ces marins intrépides ont largement contribué à cette réputation d’adversaire redoutable.
© Paris : Bibliothèque centrale, MNHN, 2008
Conrad Gesner, Histoire des animaux, livre 4, 1558Musée de Géologie Pierre Vetter
Avenue Paul Ramadier 12300 Decazeville
Tél. : 05 65 43 30 08 museevetter.decazeville@wanadoo.fr www.musees-midi-pyrenees.fr/musee-de-geologie-pierre-vetter
Exposition “ Incroyables cétacés ! ”
2 février – 27 juin 2015
3.2 Cétacés pourchassés
La chasse a longtemps été la principale menace pour les cétacés, amenant plusieurs espèces au
bord de l’extinction. Baleines et cachalots ont été poursuivis dans tous les océans grâce à un
équipement de plus en plus performant. Leur capture est désormais réglementée : seuls quelques
pays les tuent encore dans un but commercial tandis que certaines nations sont autorisées à les
chasser pour leur subsistance. Dans cette traque effrénée, les petits cétacés n’ont pas été
épargnés ; considérés comme source de viande ou comme concurrents des pêcheurs, certains
sont encore aujourd’hui harponnés.
Tout est bon dans la baleine !
Pour le chasseur d’autrefois, baleines et cachalots constituent des trésors de matières premières,
variées et en grande quantité ! Après transformation, graisse, os, fanons… deviennent bougies,
toupies ou baleines de parapluie : un large éventail de produits qui, du 17ème au 19ème siècle,
font partie du quotidien des Européens et des Américains. Au 20ème siècle, tous ont été
remplacés par des substituts, à l’exception de la viande.